Les plantes

L'opium Le pavot Laudanum L'éphédra Le ginseng Le bétel
Kava-Kava Feuilles de coca Le peyotl La mescaline Le maté Le guarana
L'ayahuasca Le khat L'iboga Le kola Le chanvre L'ancolie
Le café La mandragore L'amanite L'alcool Le pulque

Extrait du livre "le dopage" par Patrick LAURE

Les végétaux employés comme stimulants ont été (et sont encore) très nombreux. Certains se sont répandus dans le monde entier, comme la coca, d'autres sont restés des produits de tradition locale, comme l'iboga.

L'opium, suc extrait du Papaver Somniferum, semble avoir été l'un des produits inauguraux. Les premières traces de son utilisation remontent à environ quatre mille ans avant J.-C., en pleine période paléolithique. Certains auteurs affirment que le pavot est couramment cultivé des l'ère suivante, au Néolithique. On utilise cet euphorisant en extrayant par incision le suc des capsules du pavot, juste après la chute des pétales, puis en mâchant le latex ainsi formé.
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Sur une tablette sumérienne datant du VIIIe avant J.-C. et retrouvée à Nipur, le pavot apparaît sous la forme de deux idéogrammes symbolisant une plante (Gil) et la joie (Hull). On le trouve également représenté sur la frise du palais de l'Assyrien Sargon II à Khorsabad (707 avant J.-C.). Un papyrus datant de Ramsès II rapporte que les Egyptiens l'utilisaient pour soulager les douleurs et calmer les enfants agités. Au IVe avant J.-C., le célèbre médecin Hippocrate (466-377) en prescrit et un siècle plus tard, le philosophe grec Théophraste (372-287) en décrit les effets. Il est probable que le népenthès en renferme. Il s'agit d'une boisson aux propriétés sédatives et euphorisantes.
Peu avant notre ère, le poète Virgile (70-19), dans les Géorgiques, parle du "sommeil de l'oubli" que procure le sirop d'opium et en 50 avant J.-C. un praticien grec, Héracléide de Tarente, introduit cet élément en médecine.
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Au Ier siècle, Dioscoride, médecin et botaniste grec rattaché aux armées de Néron, publie une liste de plantes pouvant servir en thérapeutique et l'opium y figure en bonne place.
Les Arabes, privés d'alcool par Mahomet lors de la naissance de l'Islam vers 630, l'auraient employé comme reconstituant, pour apaiser la faim et la soif, et pour lutter contre la fatigue.
Au VIIIe, ce peuple introduit l'opium en Orient et il sera utilisé pour lutter contre la dysenterie. Il parvient en Europe occidentale entre le XIe et le XIIe siècle, probablement ramené par les croisés. En 1520, Paracelse invente le "specifique anodin", à partir duquel Thomas Sydenham (1624-1689), met un point le laudanum. Cette préparation comprend 20 g d'opium de Smyrne, 100 g de safran incisé, 15 g de canelle concassée et 15 g de girofles concassées, le tout allongé de 1600 g de vin de Malaga. Cette mixture fut responsable des premières toxicomanies à base d'opium.

En 5000 avant J.-C., les chinois utilisent l'éphédra, qu'ils appelent ma huang ("queue de cheval"). Il s'agit d'un petit arbre qui ressemble à un genêt et dont les tiges contiennent un alcaloïde, l'éphédrine. Les chinois s'en servent comme stimulant et pour augmenter la résistance cardiaque. Une peinture datant de 3000 avant J.-C. montre un Empereur de Chine accroupi, en train de mâcher un brin d'éphédra.
Les Chinois absorbent de l'éphédra pour résister à la fatigue pendant les conflits qui secouent leur empire. Ils utilisent également en médecine puisqu'en 168, le "sagede la médecine" Chang-Chong-King le prescrit contre les problèmes respiratoires.
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Toujours en Extrême-Orient, du Népal à la Corée en passant par la chine, on utilise depuis plus de trois mille ans le ginseng, ou Jin-Chen.
Au IIIe siècle, cette plante est l'une des 120 drogues supérieures utilisées par les médecins taoïstes, imprégnés des valeurs de Chen Nong. Elle est considérée comme une essence souveraine.
Dans le Livre des Merveilles, Marco Polo avoue qu'il en a consommé en 1274. Paré de bien des vertus, le ginseng fait son entrée en Europe en 1610, grâce à des commerçants hollandais. Quelques années plus tard, en 1697, l'Académie des Sciences de Paris tente de dégager le vrai du faux quant aux propriétés réputées de la plante.
Le ginseng est employé pour ses vertus tonifiantes et sa propriété de lutter contre la fatigue.
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Le bétel est couramment employé depuis plus de deux mille ans, en particulier aux indes. Des textes chinois et sanscrits la décrivent et le Grec Théophraste en fait mention trois cents ans avant J.-C. Sa consommation s'est répandue aux pays arabes peu avant le Moyen Age.
Sous le nom de bétel, on désigne un ensemble de substances provenant de divers végétaux qui se développent en Inde, Malaisie, Indonésie, dans le sud-est asiatique et en Papouasie jusqu'à la côte nord de l'Australie. L'une de ces plantes est un poivrier grimpant dont on récolte les feuilles. L'autre est l'aréquier, palmier aux larges feuilles, dont le fruit est la noix d'arec (dont on extrait le cachou).
Le bétel est utilisé comme stimulant et les amoureux s'en offrent mutuellement...Accessoirement, il apaise la sensation de faim et sert de vermifuge.
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Dans les îles du Pacifique Sud, on recourt au Kava-Kava. Cette substance est extraite d'un poivrier dont les feuilles affectent la forme de coeurs.
Ses effets sont assez comparables à une ivresse. De plus il augmente l'acuité visuelle et auditive voire l'agressivité s'il est bu à forte dose. Ses propriétés le rendent utile aux chasseurs mais aussi aux guerriers lors des conquêtes de nouvelles îles.
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Il y a environ 4500 ans, les Indiens des Andes faisaient un usage intensif de feuilles de coca, arbuste divin. Les plus anciennes feuilles de coca datent d'il y a environ 2500 ans et ont été découvertes sur le site de Huacu Prieto (Pérou).
La coca est un arbrisseau au feuillage épais, qui se développe sur les terrains chauds et humides vers 2000 m d'altitude. Le principe actif, la cocaïne, se concentre dans les feuilles. Cueillies après quatre années de pousse, celles-ci sèchent deux à trois jours au soleil. Puis, les indiens les mêlent à une matière alcaline (cendre et chaux vive). Ils obtiennent une boule pâteuse, roulée en bouche puis mâchée afin d'en extraire la cocaïne. La pâte peut être conservée dans une petite calebasse, la poporo autour du cou.
Un coquero (mâcheur de coca) ingère environ 0.50 g de cocaïne par jour (de nos jours, un toxicomane absorbe quotidiennement entre 5 et 15 g, soit 10 à 30 fois plus), ce qui représente entre 25 et 30 g de feuilles mâchées. La cocada est la distance qu'on parcourt à la marche, après avoir pris une dose normale de coca. On dit par exemple que tel lieu de chasse se trouve à 2 ou 3 cocadas. L'anglais Stevenson (1850-1894) aurait vu un courrier des Andes parcourir cent lieues (environ 440 km) sans autre aliment que quelques feuilles de coca. Même observation de Scherzer, qui cite un Indien parcourant à pied 30 lieues (130 km) par jour en ne mangeant que quelques grains de maïs rôtis et de la coca.
Il paraît vraisemblable que cette pratique était motivée par ses effets stimulants, au même titre que les amphétamines de nos jours.En outre, au-delà des simples avantages habituellement espérés (disparition de la fatigue, gain de force), d'autres motivations existent. Car les populations doivent affronter des climats difficiles et vivre dans des conditions de malnutrition et de dénutrition importantes.Selon le médecin espagnol Monardès : Ces faits sont encore aggravés par le manque d'oxygène lié à l'altitude et responsable du mal des montagnes que les Indiens nommaient soroche. Il sembleraient que l'infanterie Péruvienne ne put résister (provisoirement) à l'envahisseur espagnol que grâce à la coca qui lui permit sa mobilité et ses longues marches et contre-marches effectués à haute altitude.
Après la conquête espagnole, menée dès 1532 par Fransisco Pizarro, nombreux sont les exploitants miniers qui "payent" leurs ouvriers avec des feuilles de coca afin de stimuler leur ardeur au travail. En outre cela permet de faire des économies sur l'alimentation et limite les velléités de révoltes des ouvriers. Mais en 1551, le Concile de Lima interdit cette pratique, qu'il juge "inutile, dangereuse et véritable talisman du diable". Cependant, quelques années plus tard en 1573, le vice-roi permet à nouveau l'usage pour accroître la productivité dans les mines d'argent de Potosi.
En 1550, les feuilles de coca arrivent en Europe et quelques années plus tard, Nicolas Monardès publie les premiers travaux les concernant. Elles n'ont pas eu le même succès en Europe que le café, la tabac ou l'écorce de quinquina, pourtant originaires des mêmes régions.
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Les Aztèques utilisent le peyotl (hicouri). Il s'agit d'un cactus qui dépasse à peine le sol. Sa couronne est formée de quartiers qu'on prend en infusion. Ils diminuent la fatigue physique et engendrent un certain état de bien-être, caractérisé entre autre par des visions colorées intenses. Les indigènes qiu servent comme auxiliaires dans les troupes d'Hernan Cortés l'emploient pendant les longues marches et lors des escalades, pour diminuer la fatigue. La ration est de 4 à 30 couronnes, variable selon les personnes et les effets recherchés.
Le peyolt a été introduit aux Etats-Unis vers 1840 par les Apaches Mescaleros durant la période des grandes guerres indiennes du sud.
Plus proche de nous, la mescaline, principe actif du peyotl, a été utilisée dans les milieux littéraires. En particulier par l'écrivain belge Henri Michaux, qui a réalisé plusieurs études sur les hallucinations provoquées.
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Dans une vaste zone centrée par l'actuel Paraguay, on use du maté ("herbe par excellence"). De nombreux peuples l'ont essayé. Il s'agit d'un arbrisseau dont les indigènes récoltent les feuilles et le bois. Au terme d'une préparation complexe, ils obtiennent une poudre verte à l'odeur forte, contenant des débris de petites branches et de baies noirâtres.
Lors de la conquête du Nouveau Monde, ce sont les Indiens Guaranis qui font découvrir la plante aux conquérants. Ils l'emploient en infusion : le liquide obtenu est jaune foncé, son odeur comparable à celle du thé et sa saveur très amère.
Le maté renferme de la caféine et il est utilisé pour ses vertus stimulantes et coupe-faim. On dit même qu'il excite plus les facultés intellectuelles que ne le fait le café.
Cette plante est peu usités en Europe, car son commerce ne se développe que de façon ponstuelle. Pourtant, certains sportifs recourent à ses vertus stimulantes, comme le cycliste Louis Cottereau, sous le nom d'élixir Saintonger.
Au XXe, quelques auteurs étudient les effets du maté sur la performance physique, mais leurs résultats ne débouchent sur aucun usage à grande échelle.
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En Amazonie, les Indiens vénèrent le guarana. Cette plante grimpante donne des fruits qui présentent une capsule qui s'ouvre à maturité et laisse apparaître la graine, prenant l'apparence d'un globe oculaire. Cette ressemblance a d'ailleurs été à l'origine de nombreuses légendes. Les Indiens utilisent le guarana en boisson, comme stimulant et coupe-faim pendant les longues journées de chasse et aussi pour combattre la fièvre. Il renferme de la caféine et des tannins.

On peut aussi mentionnerl'ayahuasca, liane des forêts tropicales. On la mâche directement ou on en tire un liquide jaunâtre en écrasant son tronc à coup de masse. On met ensuite le résultat à bouillir. Les Indiens s'en servent pour voir la nuit et occasionnellement comme aphrodisiaque. Dans certains cas, sa consommation est rituelle, en groupe et dans l'obscurité, pour que l'ayahuasqueros puisse développer sa force et son pouvoir personnel. Cette pratique se rencontre encore de nos jours. Chez les Indiens Jivaros, on y recourt aussi avant de partir à la chasse ou au combat, pour tenter d'en prédire l'issue.

Sur le continent africain et ses proches environs, nous retrouvons une grande richesse en végétaux aux vertus stimulantes. Mais l'une des particularités de l'Afrique est son fétichisme très développé. Aussi, les macérations et autres décoctions n'ont d'efficacité que si elles sont préparées selon des règles coutumières soigneusement codifiés. On pourrait voir dans ce cérémonial le prémices d'un autre rituel plus récent celui-ci, de l'administration de dopants aux sportifs entre la fin du XIXe siècle, en particulier chez les cyclistes.
Voici l'une de ces recettes ancestrales pour se donner du courage, être audacieux : absorber dans un bouillon de viande une poudre très fine composée d'une poignée de fleurs de fourala, d'un morceau sec de rate de boeuf et d'un dynénécolo (partie en terre d'un fuseau).
Dans les vallées d'Ethiopie et de Somalie, les populations ont employé le Khat. Il s'agit d'un arbre de grande taille dont on mastique les feuilles (mais qu'on peut prendre en infusion), qui renferment des alcaloïdes (en particulier la cathine, proche de l'éphédrine). Le khat fait disparaître la sensation de fatigue, de faim et permet de rester éveillé. De plus, il diminuerait le temps de sommeil et faciliterait le travail. Bien des employeurs en auraient fourni à leurs ouvriers.
Un mangeur en absorbe 15 à 100 g. A forte dose, le mâcheur perd l'appétit, le sommeil et risque l'accoutumance. De plus, il provoque l'impuissance, à tel point que les femmes refusent d'épouser les consommateurs impénitents.
Le khat s'est répandu aux pays arabes dès le VIe siècle et il a été exploité au Yémen dès 1425, date de son importation par le cheik Abou Zerbin. Cependant, son succès a été limité aux pays musulmans. En effet, il doit se consommer très frais et pour le transporter, les commerçants voyageaient souvent de nuit pour bénéficier de la fraîcheur relative.
Assez récemment, on le trouvait encore sur certains marchés arabes, sous la forme de petits rameaux vendus en paquets. D'ailleurs, le grand champion djiboutien de marathon, Ahmed Salah, en consomme régulièrement.

Sur le territoire de l'actuel Gabon, les habitants des bords du long fleuve Ogoué se servent des parties ligneuses de l'iboga.
Il s'agit d'un arbuste dont les racines renferment une douzaine d'alcaloïdes, parmi lesquels l'ibogaïne qui a la propriété de stimuler, d'augmenter la résistance au sommeil et de donner des forces pour la chasse, les longues danses rituelles et les périodes de veille nocturne. Certaines tribus l'ont employé pour lutter contre la terrible maladie du sommeil.
Les doses utilisées sont habituellement faibles, ce qui est favorisé par le mode de consommation : les racines les moins épaisses sont coupées en fins morceaux qui sont mâchés. Le goût est amer et, au bout de quelques minutes, apparaît une sensation d'anesthésie de la langue.L'occident découvre la plante en 1889 grâce à un explorateur : Griffon de Bellay. C'est Dybowsky, inspecteur général de l'agriculture coloniale, qui en ramène une importante quantité à paris, où elle est analysée en 1900 par Edouard Landrin. L'année d'après, les deux hommes présentent une note à l'académie des Sciences où ils décrivent l'ibogaïne et sin intérêt potentiel en thérapeutique occidentale. par la suite, elle est proposée comme tonique musculaire, tonicardiaque et stimulant de l'appétit. Mais son succès est faible et l'ibogaïne est bientôt oubliée.
L'ibogaïne sera assez peu utilisée par les sportifs, mais on la retrouve chez les cyclistes dans les années 1950 et lors du Tour d'Italie 1968. Le produit, pourtant interdit par l'UCI depuis 1967, sera utilisé par bien des coureurs cette année-là. Pendant une courte période, il figure sous le nom de Lambarene parmi les stimulants privilégiés de quelques coureurs automobiles : "D'assez nombreux conducteurs avaient été satisfaits du Lambarene lors des rallyes automobiles. Bien entendu, aucun n'a fait part de ses observations."
Actuellement, on lui attribue de nouvelles vertus dans le sevrage des toxicomanies.

Autre plante d'Afrique équatoriale, le Kola. Il pousse sur un arbre de plus de 20 m de hauteur, le Kolatier, dont les graines sont les noix de kola, qui renferment entre autres de la caféïne. Le succès de ce produit l'a fait exporter et cultiver en Inde, en Extrême-Orient et aux Antilles.
La préparation de la noix est très simple : on la décortique et on la mâche crue. Sa saveur initiale est sucrée, devient âpre puis amère.
Ses effets sont ceux d'un stimulant puissant, superposable aux amphétamines : elle donne un coup de fouet aux personnes fatiguées, aux coureurs de brousse et de plus, elle calme la faim. Les travailleurs de force en prennent pour supporter les travaux les plus rudes sans le secours d'autres aliments qu'un peu de riz. On la vend même sur la route, où elle forme l'aliment indispensable et l'excitant à la marche des caravanes.
Son rôle a été si important qu'en Afrique occidentale on s'en servait comme d'une monnaie d'échange. Son prix est alors fixé en fonction du lieu géographique, plus coûteux quand on s'éloigne des côtes : en 1880, une graine se négocie de 30 à 50 centimes au Sénégal et peut atteindre 5 F sur les bords du Niger voire dépasser la valeur d'un esclave en temps de disette. Dans certaines tribus, très éloignées de la mer, on troque de la poudre de Kola contre son équivalent en poudre d'or. C'est aussi la raison pour laquelle les noix de Kola font souvent office de cadeaux, même pour séduire des parents dont on désire épouser la fille.
Quand sa consommation est intense, elle confine à la toxicomanie. D'ailleurs, les populations indigènes disposent de plusieurs formules pour s'en donner le dégoût.

Le Chanvre est connu depuis la plus haute antiquité. En Chine, durant le troisième millénaire avant J.-C., l'empereur Chen Nong (2737-2697) l'utilise contre la faiblesse, surtout chez les femmes, et le recommande pour soigner les rhumatismes, la malaria et le béri-béri.
Il se répand dès le Ve siècle avant J.-C., selon Hérodote, en Afrique du Nord, en Inde et en Asie. Cette plante donne une résine qu'on récolte avant la fécondation de la fleur et qui a été utilisée pour ses propriétés euphorisantes et stimulantes, en particulier par les Arabes lors de leur invasion en Europe. L'inflorescence s'employait aussi complète et prenait alors le nom de bhang (l'actuelle marijuana).
Très tôt, il est utilisé pour fanatiser les guerriers. L'exemple le plus connu est sans doute celui de Hassan Ibn Al-Sabbah dont les hommes, fanatisés, étaient drogués au haschisch (les "Haschaschin").
En 1753, Linnaeus donne au chanvre le nom de cannabis, à partir du mot assyrien qunubu.
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Parmi les autres plantes utilisées, citons l'ancolie, une plante de la famille des renonculacées. La légende en fait l'aliment préféré du lion. Aussi, les indigènes s'en frottent-ils les mains pour acquérir son courage. Ils ne peuvent la consommer car elle est mortelle. C'est l'un des rares exemples d'utilisation externe d'un principe stimulant.

Enfin, abordons les effets du café, décrits dès 1582 par le médecin allemand Leonhart Rauwolf. Les graines de café sont produites par le caféier. On en trouve deux variétés principales. L'arabica, qui provient des hauts plateaux d'Amérique du sud, et le robusta, qui est originaire des forêts d'Afrique équatoriale. Le café renferme un stimulant, la caféine. Au début, pour le préparer, on mettait simplement le fruit cru du caféier dans de l'eau qu'on portait ensuite à ébullition. Puis, on a remplacé le fruit cru par des grains torréfiés.
Le café est exporté vers l'Europe au XVIe, où il est présenté comme un breuvage de luxe. Son arrivée à Parisdate de la première moitié du XVIIe siècle. Louis XIV en a consommé et son usage s'est ensuite rapidement répandu en France.

Terminons notre périple par le continent européen. Les plantes aux vertus dopantes y ont été moins nombreuses que dans les autres pays. Plusieurs raisons contribuent à expliquer ce fait : un climat moins propice au développement de plantes stimulantes, l'utilisation de substances provenant d'autres horizons grâce au commerce (par exemple le café), une médecine se voulant plus scientifique et l'influence de l'Eglise qui pourchassait toute pratique réputée diabolique.

La plante la plus répandue est sans doute la mandragore, utilisée par les Sumériens depuis trois mille ans avant J.-C. et cousine de l'oriental ginseng. On en décrit plusieurs espèces. Celle utilisée en Europe provient surtout du bassin méditerranéen. Ses racines affectent la forme d'un corps humain et pendant longtemps cet aspect particulier a évoqué une sorte de brouillon, précédant la venue de l'homme sur Terre.
La racine est employée pour ses effets stimulants, voire hallucinogènes. Jean de La Fontaine l'utilise comme aphrodisiaque. Selon les Assyriens, elle éloigne la peste, a des vertus sédatives et fait pousser les cheveux des chauves.

Selon Boge et Lewin, dans une légende nordique, les Berserks consomment le suc d'un champignon, l'amanite tue-mouches, pour "augmenter leurs forces douze fois". La consommation de son suc provoque des crises de colère plus ou moins mêlées d'hallucinations.

Les Hindous ont utilisé ce même produit quelque trois mille ans avant J.-C. Son avantage est d'être éliminé pratiquement intact dans les urines. Pour en consommer, il suffit donc d'avaler les urines d'une personne en ayant ingurgité ou, faute de mieux, ses propres urines.
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L'alcool (de l'arabe alkuhl : "essence") est lui aussi très ancien. La première fermentation est peut-être le fait d'une "ménagère" distraite. Ayant mis à chauffer dans une jatte des plantes et de l'eau (par exemple une bouillie de maïs), elle aura oublié son repas et, sous l'action des levures, l'alcool est né. Ses effets euphorisants et, dans une certaine mesure, analgésiants, sont bien connus. En Inde, on considère l'alcool, pris modérément, comme source de courage et sens de l'autorité. Deux boissons alcoolisées sont rapidement apparues : le vin et la bière.

Nous citerons à part le pulque, boisson fortement alcoolisée, qui a joué un grand rôle dans la société Inca. Cet alcool donne des forces et du coeur à l'ouvrage. Mais il est rapidement responsable de tant de maux que sa consommation est sévèrement réglementée. Les Indiens en interdisent l'usage en dehors des cérémonies rituelles, sauf pour les vieillards de plus de 70 ans qui peuvent en user à volonté. Toute infraction est punie de mort.