Dans une longue interview parue dans l'équipe du 2 octobre 1998, Willy Voet, le soigneur de Festina, révélait qu'en plus de l'EPO et de l'hormone de croissance, quatre coureurs de son équipe consommaient une substance, surnommée "P" en langage codé, qui n'était pas consignée dans les carnets. "On utilisait ce subterfuge lors des conversations téléphoniques au cas où on serait sur écoute. Ce produit est révolutionnaire" expliquait-il. "De la famille des anabolisants, il favorise le développement de la masse musculaire de manière spectaculaire. C'est un comprimé qu'on faisait venir du Portugal. On le prend en cure. Après sept jours de prise, soit dix comprimés au total, il est indécelable." Sur la nature chimique du dopant, nous n'en saurons guère plus. Toutefois, il est plus que probable que la substance en question soit le Panteston, un dérivé de la testostérone, que les douaniers français avaient également trouvé dans la voiture Festina au mois de juillet dernier. Willy Voet le présente comme révolutionnaire parce qu'il s'agit de la seule préparation orale à base de testostérone qui soit réellement efficace. Associé avec de l'huile d'olive, le stéroide est absorbé par voie lymphatique et évite ainsi d'être inactivé par le foie. Autre avantage : il se convertit peu en estrogènes et ne présente pas de risques de féminisations. A doses raisonnables, il ne bloque pas non plus la production naturelle de testostérone et se trouve rapidement éliminé par l'organisme. Il peut donc être administré en période de compétition, à condition, bien entendu, de demeurer en deçà du fameux rapport 6 testostérone/épitestostérone. Enfin, pourquoi le soigneur faisait-il venir le composé du Portugal ? Le Pantestone est pourtant commercialisé en France depuis 1984. Seulement, on ne le délivre en pharmacie que sur base d'un certificat médical. Les utilisateurs s'exposent donc à faire l'objet d'enquêtes commandées par le ministère qui semble de plus en plus décidé dans sa lutte contre le dopage. Alors que, lorsqu'on fait ses emplettes dans des coins un peu plus reculés, on ne court aucun danger.