Le ministère de la jeunesse et des sports veut renforcer les contrôles antidopage



L'équipe cycliste Cofidis soumise à des examens

FRANÇOIS MIGRAINE, le directeur général de Cofidis, ne croyait peut-être pas être entendu aussi rapidement. « En 2000, il faudra encore plus surveiller qu'en 1999 » le peloton cycliste, avait-il déclaré voilà deux semaines au Monde, en faisant référence à la lutte contre le dopage ( Le Monde du 3 janvier). Mercredi 12 janvier, alors qu'ils étaient en fin de stage de préparation de la saison 2000, dans le Var, les coureurs de l'équipe cycliste Cofidis ont subi un contrôle antidopage inopiné . Les résultats de ces contrôles (urinaires) ne sont pas encore connus.

Cette intervention témoigne d'une volonté des pouvoirs publics de « ne pas relâcher la pression », indique-t-on au ministère de la jeunesse et des sports . « Pour les contrôles hors compétitions, il y a un processus engagé depuis deux ans, qui a demandé six mois de mise en place, mais qui va aller en s'accentuant. » Pas seulement sur les cyclistes, mais sur l'ensemble des sportifs. En 1999, quelque 1 100 contrôles inopinés hors épreuves sportives ont été réalisés (tous sports, tous niveaux confondus). Cette année « l'objectif est de monter à 1 500 », relève-t-on dans l'entourage de Marie-George Buffet.

La ministre souhaite également que ce type de contrôles se développent au plan international. A ses yeux, il revient à la nouvelle Agence mondiale antidopage (AMA) d'en décider l'institution avant les Jeux olympiques de Sydney. Cette proposition a été présentée, jeudi 13 janvier, lors de la première réunion de l'AMA, à Lausanne (Suisse), par le secrétaire d'Etat portugais aux sports, Vasco Lynce De Faria, président en exercice pour les ministres européens des sports, que Marie-George Buffet avait reçu la veille, à Paris. Si une telle politique était adoptée, il faudrait, selon le ministère français, que le Comité international olympique (CIO) sanctionne les pays, ou les athlètes, qui refuseraient de s'y soumettre.

Dix-huit pays (dont la France, les Etats-Unis, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, la Finlande, la Chine) ont signé des conventions bilatérales pour que des contrôles inopinés soient permis sur des sportifs en stage, ou en compétition dans un autre pays. C'est en vertu de ce principe que, fin 1999, à Nice, les joueurs australiens de tennis ont été contrôlés juste avant la finale de la Coupe Davis.

Jeudi, l'AMA s'est toutefois contentée de créer un groupe de travail sur la mise en place d'un système de tests antidopage uniformisés. L'Agence a parallèlement reçu le soutien officiel des Etats-Unis. « Il y a des signes prometteurs selon lesquels l'AMA franchira les prochaines étapes pour devenir une institution crédible, transparente et efficace », a déclaré le général McCaffrey, le M. antidrogue à la Maison Blanche, qui, mi-novembre, avait dénoncé le manque d'indépendance et de transparence de l'Agence. Il a néanmoins réclamé qu' « après une période initiale de transition qui devrait être courte » l'AMA « ne soit plus située à Lausanne et qu'elle ait une nouvelle direction crédible incluant les gouvernements ».


Philippe Le Coeur