Une filière européenne de produits dopants démantelée en Italie


La péninsule servait de plaque tournante: 49 mises en examen.

Par ERIC JOZSEF


lors que seize parquets italiens ont déjà ouvert des enquêtes sur le dopage et que la justice sportive réclame des sanctions contre certaines vedettes du peloton cycliste, à commencer par le dernier vainqueur du Tour d'Italie Ivan Gotti, les filières de trafic de produits illicites commencent à être démantelées. Mercredi, la brigade financière de Palerme a ainsi dénoncé 49 personnes, en grande majorité de nationalité italienne, pour trafic illégal de médicaments dans le cadre d'une opération baptisée «Body express». Après sept mois d'investigations, les enquêteurs ont en effet mis au jour un réseau d'échange de produits dopants entre le Danemark, l'Espagne, la Grèce et l'Italie, en particulier à Bergame et Brescia.

Hormone volée. Concrètement, l'Italie servait de plaque tournante entre ces différents pays. L'hormone de croissance, volée semble-t-il auprès de l'entreprise danoise Novo Nordisk, était par exemple revendue sur les autres marchés après un passage par la péninsule. La nandrolone était, elle, acquise en Grèce tandis que l'Espagne fournissait divers types d'anabolisants normalement destinés à un usage exclusivement vétérinaire. «L'enquête est partie à la suite d'une indication du parquet de Palerme concernant deux sujets, des anciens sportifs, raconte un officier de la brigade financière. Puis nous avons remonté la filière comme s'il s'agissait d'un trafic de drogue

Diverses perquisitions effectuées dans le Nord de l'Italie ont ensuite permis de mettre au jour tout le système et de saisir de très importantes quantités d'hormones de croissance et d'anabolisants. Dans une pharmacie de Bergame, des centaines de fausses ordonnances pour l'achat de stéroïdes anabolisants ont ainsi été recupérées. Selon les enquêteurs, certains indices pourraient permettre de clarifier les circonstances du décès d'un culturiste à Modène, en juin.

Eléments à charge. Parmi les 49 personnes mises sous enquête, outre un jeune athlète et un haltérophile, figurent quatre médecins. L'un d'entre eux a déjà été inculpé par le procureur de Bologne Giovanni Spinosa qui s'est en particulier intéressé à la diffusion du dopage au sein de différentes équipes cyclistes. C'est d'ailleurs à l'issue de son enquête que Giovanni Spinosa a récemment adressé à la commission antidopage du Coni (Comité olympique italien) toute une série d'éléments à charge contre les cyclistes Alessandro Bertolini, Gianluca Bortolami, Gianni Faresin, Giorgio Furlan et Ivan Gotti.

Ces cinq coureurs ont été renvoyés lundi devant la commission de discipline de la fédération italienne de cyclisme et risquent, s'ils sont convaincus de dopage, deux années de suspension.

Pour sa défense, le dernier vainqueur du Giro, le tour d'Italie, a soutenu mercredi que l'augmentation anormale de son hématocrite (1) de 46,3 % à 50,7 %, de février à juin 1998, était due à des problèmes intestinaux: «L'oscillation de mon hématocrite, a prétendu Ivan Gotti, est le résultat de vacances en montagne et au fait que j'ai dû absorber certains médicaments durant cette période pour soigner des problèmes de parasites intestinaux.» .

(1) Le taux maximum autorisé par l'Union cycliste internationale est de 50 %.