DOPAGE : le doute lézarde les certitudes des scientifiques


Au delà des suspensions confirmées pour Vincent Guérin et Dominique Arribagé, les doutes de la commission d'appel, qui l'ont amené mercredi à annuler la sanction d'Antoine Sibierski, ont mis en avant une question : la nandrolone peut-elle être secrétée par le corps humain ?

Les avis des spécialistes s'entrechoquent et finissent par semer le doute. Un doute qui a profité à Sibierski mais pas à Guérin ni Arribagé, qui n'ont plus qu'à espérer un recours devant le comité national olympique du sport français (CNOSF) pour remettre en cause les 18 mois de suspension dont 6 ferme dont ils ont écopé.
Pour "blanchir" l'Auxerrois Sibierski, la commission d'appel a estimé que les taux de métabolites (autour de 2 à 3 nanogrammes) incriminés et rapportés dans les différentes expertises ne permettaient pas de qualifier avec certitude l'infraction telle que définie par la loi.
Pour le Parisien Guérin et le Toulousain Arribagé, en revanche, ce taux de métabolites était supérieur, entre 7 et 10 nanogrammes.
Les incertitudes scientifiques plaident pour le moment en faveur de ceux que la nandrolone peut être secrétée par l'humain. Et il semblerait que le doute soit entré également dans le laboratoire antidopage de Châtenay-Malabry, qui avait procédé aux expertises et contre-expertises. La commission de la FFF a en effet indiqué qu'elle "avait adopté sa position (sur Sibierski) en tenant compte d'élément nouveaux produits ce jour par le laboratoire de C-M. Ces éléments nouveaux concernent la possibilités de variation des résultats de l'ordre de 10% sur un même échantillon".
Le manque d'harmonisation d'une réglementation européenne, que réclame la ministre de la jeunesse et des sports, Marie-georges Buffet, a été, dans ce cas précis, défavorable aux joueurs de Paris et de Toulouse. Le professeur allemand Wihlhelm Schanzer, directeur du laboratoire de Cologne, qui, comme celui de C-M., est agréé auprès du CIO, a examiné les rapports d'analyse de Guérin et estimé que "en allemagne le taux de Guérin et Arribagé ne pourrait être considéré comme une infraction".
"Ce spécialiste allemand, qui a succédé au célèbre professeur Donike, prend en compte à la fois les métabolites de la testostérone et la nandrolone poue lesquels il établit un seuil, explique le docteur Jean-Pierre de Mondenard, médecin spécialiste du sport et de ses problèmes de dopage. Si sa méthode avait été appliquée aux sportifs épinglés par le laboratoire de C-M. aucun d'eux n'aurait été déclaré positif..."
Entre ceux qui avancent que la nandrolone peut être sécrétée naturellement par le corps humain et ceux qui estiment qu'au delà de deux nanogrammes il y a dopage, le combat ne fait que commencer.
A bientôt cent jours de la coupe du monde en France, ce sujet embarasse d'autant que Vincent Guérin et Dominique Arribagé n'ont pas dit leur dernier mot. Hier, Me Fessler, l'avocat de Guérin, a répété que la "décision était scandaleuse". "Dès que notre suspension sera notifié, nous allons demander que soit saisi le CIO français. Si la Fédération n'en tient pas compte, nous irons devant le tribunal administratif pour demander réparations morale et financière au minitère via la fédération qui possède une délégation", a-t-il poursuivi.
"Il faut retrouver des juristes. Il y en a assez de ces scientifiques avec leurs dogmes et leurs certitudes", a conclu Me Fessler rejoint dans ce sens par Me Bernard Decker, vice -président du Toulouse FC et avocat de Dominique Arribagé.


Retour

Page d'accueil