Dopage - Le Giro à la merci des enquêteurs

BUSTO ARSIZIO (Italie), 9 juin (AFP) - Le Giro 2001, en passe d'être gagné par l'Italien Gilberto Simoni, dépend des découvertes des enquêteurs qui ont amené vendredi soir le départ de l'ancien maillot rose, Dario Frigo, à deux jours de l'arrivée.

Le "blitz" de San Remo, qui a touché dans la nuit de mercredi à jeudi la totalité des équipes cyclistes participant au Giro, a commencé à produire ses premiers ravages.

Le magistrat de Florence, Luigi Bocciolini, a toutefois précisé que les enquêteurs n'en étaient encore qu'au premier stade de leur travail, en commençant le détail des procès-verbaux recueillis par la brigade antistupéfiants (NAS).

En parallèle, le peloton italien est secoué par d'autres enquêtes, telle celle menée à Padoue. Cinq personnes de l'équipe Liquigas sont directement touchées et le manager du groupe, Fabio Bordonali, a reconnu que les coureurs en cause étaient engagés sur le Tour d'Italie.

Selon la presse italienne, l'Ukrainien Serhiy Honchar, champion du monde du contre-la-montre, et l'Italien Denis Zanette, vainqueur de la 10e étape du Giro, sont concernés par l'enquête, tout comme les Italiens Ellis Rastelli (vainqueur de la 1re étape du Giro à Francavilla) et Gianni Faresin.

L'Italien Ivan Gotti, double vainqueur du Giro (1997 et 1999), est lui aussi visé par la justice après la découverte, à la fin de la semaine dernière, de produits interdits dans le mobil-home de son beau-père. Gotti, qui occupe la 7e place du Giro à la veille de l'arrivée, a déclaré qu'il n'avait pas encore reçu de communication judiciaire.

Les retombées de l'opération choc de San Remo, dont les modalités ont provoqué le lendemain la colère du peloton, s'annoncent encore plus importantes.

Une photographie exacte

Dario Frigo, la révélation de la saison (vainqueur de Paris-Nice et du Tour de Romandie, maillot rose pendant neuf jours dans le Giro) qui occupait la deuxième place du classement général, a reconnu auprès de son équipe la possession de produits dopants. Le groupe Fassa Bortolo, dirigé par Giancarlo Ferretti, s'est séparé de lui sur-le-champ en application de son règlement interne.

Cette ligne de conduite a recueilli l'approbation de Manolo Saiz, président de l'Association des groupes cycliste professionnels (AIGCP). "Ferretti a fait ce qu'il devait faire", a déclaré à l'AFP le directeur sportif de l'équipe espagnole ONCE.

Le "blitz" de San Remo a aussi pour intérêt de permettre l'identification complète de tout ce que pouvaient détenir les coureurs ou leur environnement. La préparation (écoutes téléphoniques) et le soin extrême apportés à l'opération qui a duré plusieurs heures garantit l'exactitude de la photographie des coulisses du peloton.

Selon Luigi Bocciolini, substitut du procureur de Florence, les procès-verbaux de deux équipes ont déjà été examinés et trois personnes ont été trouvées en possession de produits interdits par la loi italienne antidopage qui sanctionne pénalement les fautifs.

La justice italienne semble écrire les premières lignes d'un nouveau chapitre du cyclisme italien. Il promet d'être riche d'enseignements.