SAN REMO (Reuters) - Trois ans après le Tour de France, le Tour d'Italie cycliste se trouve à son tour plongé dans la tourmente du dopage. Une perquisition de la police a donné lieu à la saisie de produits interdits et provoqué la colère des coureurs qui menacent de saborder la course.
D'abord raccourcie, la 18e étape au programme de jeudi a été finalement annulée, pour des "raisons techniques". Une cinquantaine de coureurs se sont réunis dans un hôtel pour décider des suites à donner à la course. Deux heures après le début de la réunion, aucun résultat n'étant obtenu, les organisateurs ont décidé l'annulation.
"Pour moi, ce serait une très grave erreur d'en finir maintenant", a déclaré Gianni Savio, manager de l'équipe Selle Italia. "Espérons qu'ils changeront d'avis. J'ai essayé de leur dire que leur méthode de protestation était complètement erronée."
Lors du Tour de France 1998, les coureurs s'étaient arrêtés sur le bord de la route entre Albertville et Aix-les-Bains avant de finalement repartir mais l'étape avait été neutralisée. Toutes les équipes espagnoles avaient quitté l'épreuve pour protester contre les perquisitions policières.
Pendant sa perquisition mercredi dans les hôtels des coureurs, la police italienne a saisi des produits interdits, rapporte l'agence de presse ANSA.
ANSA affirme de source policière que la perquisition, terminée à 06h00 GMT jeudi, a permis de saisir de la testostérone, de la caféïne, des stéroïdes anabolisants et d'autres stimulants.
"On m'a dit que le chef de l'opération avait confirmé avoir saisi divers produits", a déclaré à Reuters Giancarlo Ceruti, le président de la Fédération italienne de cyclisme. "Des substances interdites, certainement", a-t-il ajouté.
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Seringues volantes
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Des flacons de médicaments sans étiquette et des ampoules contenant du sang ont aussi été saisis de même qu'une solution à base de protéines et de plasma. L'ANSA rapporte que des seringues usagées ont aussi été découvertes.
Tous ces produits ont été apportés aux laboratoires de Florence et de Rome pour être analysés.
La police a indiqué que certaines équipes n'étaient pas concernées par la saisie.
Des témoins ont rapporté que des objets ont été jetés des fenêtres d'un hôtel peu après le début de la perquisition.
La police a précisé que des seringues ont été trouvées sur le sol en bas d'un hôtel au moins.
Ceruti a déclaré que ces perquisitions était le prix à payer par les athlètes qui n'auraient pas compris la nécessité de rendre leur sport plus propre.
Mercredi soir, plus de 200 policiers ont fouillé les chambres de tous les coureurs du Giro.
Des témoins ont rapporté qu'au moins 10 policiers en civil avaient pénétré dans l'Hôtel des Anglais, lieu de résidence des équipes Telekom et Mercatone Uno.
Le quatrième étage de l'immeuble, qui héberge l'équipe Liquigas, a été placé sous scellé et les coureurs n'ont pu descendre dîner pour être interrogés par la police.
Des témoins ont ajouté que le masseur personnel de Marco Pantani, Roberto Pregnaloto, avait été emmené par les forces de l'ordre après s'être vu confisquer un sac contenant des ampoules. "Des remontants", a avancé Pregnaloto.
Pantani, grippé, a officialisé son abandon du Giro jeudi mais il assistait à la réunion des coureurs.
Il y a deux ans, le "Pirate" avait été suspendu lors de l'avant-dernière étape du Tour d'Italie qu'il s'apprêtait à remporter avec un hématocrite largement supérieur à la norme admise par l'UCI.
Mercredi, Riccardo Forconi de la Mercatone Uno a été suspendu par son équipe après avoir été déclaré positif à l'issue d'un contrôle antidopage.
Mardi, le Français Pascal Hervé de l'équipe italienne Alexia avait subi la même sanction.