"Pot belge": un procès "pédagogique" qui n'envoie personne en prison

POITIERS, 31 mai (AFP) - Le tribunal correctionnel de Poitiers (Vienne) a rendu jeudi un jugement plutôt clément dans le procès dit du "pot belge" sur le dopage dans le cyclisme amateur en n'infligeant pour l'essentiel que des peines de prison avec sursis et des amendes.

Sur les 41 prévenus, 39 ont été condamnés, 12 à des peines de prison avec sursis allant de 2 mois à 30 mois, 24 autres à des amendes allant de 2.500 francs (381 euros) à 8.000 francs (1.220 euros).

Si trois peines de prison ferme ont été prononcées (5 ans, 2 ans, et 3 mois), elles l'ont été par contumace contre trois ressortissants polonais, un ancien coureur et deux femmes. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre eux avec, toutefois, un certain scepticisme sur les chances de le voir aboutir.

Le vaste trafic de "pot belge", un cocktail à base d'amphétamines, d'antalgiques, avec parfois un peu d'héroïne et de cocaïne, très consommé dans les pelotons amateurs, provenait de Belgique et surtout de Pologne.

Pour les principaux pourvoyeurs français, il n'a été infligé que de la prison avec sursis ou bien quelques mois de prison ferme couvrant la période de détention préventive.

Cela a été le cas pour Claude Deschamps, 66 ans, ancien président du club de Vendôme (Loir-et-Cher) et son compère, Jacques Guillendou, 63 ans, deux incontournables "grossistes", qui ont été condamnés à 30 mois de prison dont 27 avec sursis.

Un procès mené à un train d'enfer

L'avocat de Guillendou, Me Jacques Grandon, ancien bâtonnier du barreau de Poitiers, avait laissé entendre que son client pourrait se suicider s'il devait retourner en prison.

La procureur Myriam Denort (BIEN Denort) les avait pourtant qualifiés mercredi de "trafiquants de drogue" et avait réclamé contre eux 3 ans de prison dont 2 ferme.

"Vous avez usé de votre aura (...) vous avez alimenté le trafic d'un air bonhomme, vous avez pollué le milieu cycliste", avait-elle dit.

Jean-Charles Maffre, 54 ans, un ancien employé de presse à l'Assemblée Nationale, qui s'était mis au "pot" sur le tard mais en avait aussi beaucoup revendu, a été condamné à 30 mois dont 29 avec sursis.

Les avocats de la défense ont salué un "procès pédagogique". Ils le doivent beaucoup à la présidente, Marie-Claude Gauthier-Bernard, une petite femme qui a mené les débats pendant quatre jours à un train d'enfer et qui avait tenu à ce que le jugement soit rendu immédiatement, pour ne pas qu'il intervienne au début de l'été et qu'il nuise ainsi, avait-elle dit, au Tour de France.

Le procès a duré moins longtemps que prévu également parce que l'un des principaux pourvoyeurs, Patrick Charron, 53 ans, excusé pour raisons médicales, était absent. Déjà condamné à deux reprises à des peines de prison et connu pour ses dénégations, il pourrait être jugé ultérieurement à Poitiers.

La Fédération française de cyclisme (FFC), partie civile représentée par Me Paul Mauriac, a obtenu le franc symbolique mais a été déboutée du remboursement des frais de justice (100.000 francs, soit 15.245 euros).