Cyclisme : Roussel parle

L'ancien directeur sportif de l'équipe Festina, condamné dans l'affaire éponyme il y a six mois, prépare un livre retraçant son histoire. Depuis quelque temps, il accepte, dans la presse, de revenir sur les événements de l'été 1998. Une crise qui, selon lui, n'a guère changé la mentalité du peloton.

Aujourd'hui cadre dans une entreprise immobilière, à Vannes (Morbihan), Bruno Roussel a ouvert sa porte, entre autres, au bimestriel "Sport et Vie" et au quotidien "L'Humanité". Revenant sur le procès de Lille (en novembre 2000) où il écopa d'un an de prison avec sursis et 50 000 F d'amende (à ajouter aux 200 000 pour infraction douanière), Roussel prend pour cible les dirigeants du cyclisme. "Parmi les personnages qui se sont présentés à la barre, les coureurs furent les plus honnêtes. Mais pour les autres, UCI, Société du pour, FFC, ce fut un défilé d'amnésiques", dit-il.

"De tout temps on a vendu et acheté des courses. Même Jean-Marie Leblanc a reconnu s'être vendu et avoir roulé pour un leader qui n'était pas le sien. Ils agissent de la même manière que les hommes politiques qui sont pris dans les affaires. Ils préfèrent passer pour des naïfs plutôt que pour des acteurs. C'est une stratégie déplorable. Un manque de responsabilité flagrant." Prolixe mais pas aigri, l'ancien coach de Richard Virenque porte une réflexion très lucide sur un sport duquel il s'exclut définitivement: "Pour moi, la Société du Tour de France, société à but lucratif, est plus forte que les fédérations. Si elle dit: 'il n'y aura pas de positif' ou bien 'voilà le niveau scientifique que l'on exige', les autres s'inclinent. Il n'y a pas de contre-pouvoir."

Prêt à s'engager, à titre bénévole, contre le dopage, Roussel a entamé un cycle de conférences axées sur la pédagogie et la prévention. Pour que le cyclisme, sport qu'il chérit encore, renaisse un jour. Pour de vrai.