Echantillons congelés: l'urine des coureurs du Tour saisie

PARIS, 2 déc (AFP) - La justice française a saisi les échantillons d'urine congelés prélevés lors du dernier Tour de France cycliste, interdisant ainsi toute possibilité de destruction comme le réclamait l'Union cycliste internationale (UCI).

La nouvelle, si elle met provisoirement un terme au débat entre les autorités sportives françaises et l'UCI, permet également de mettre une nouvelle fois en lumière les lenteurs du Comité international olympique (CIO) à prendre une décision sur la validation des tests antidopage.

La saisie par les autorités judiciaires des échantillons d'urine conservés au laboratoire de Châtenay-Malabry depuis le Tour 2000 en juillet dernier, a été effectuée dans le cadre de l'enquête sur une affaire de dopage présumé dans l'équipe américaine US Postal.

"La justice a saisi les prélèvements liés à l'affaire de l'US Postal et mis les scellés sur les autres", a informé samedi Marie-George Buffet, ministre française de la Jeunesse et des Sports.

Extraits de sang de veau

L'équipe US Postal du dernier vainqueur du Tour, l'Américain Lance Armstrong, fait l'objet depuis le 22 novembre dernier d'une information judiciaire pour "infraction à la loi relative à la prévention de l'usage de produits dopants, incitation à l'usage de produits dopants et infraction à la législation sur les substances vénéneuses". L'enquête concerne une possible utilisation d'Actovegin, un produit fabriqué par le laboratoire norvégien Nycomed et constitué d'extraits de sang de veau.

L'Actovegin ne figure pas sur la liste des produits interdits. Mais les enquêteurs estiment que, par son action fluidifiante, il peut être administré avec des produits dopants, comme l'EPO, qui épaissit le sang.

La décision de la justice française interdit désormais toute destruction des prélèvements effectués en juillet lors du Tour de France 2000: destruction que réclamait l'UCI, dans une lettre du 22 novembre dernier au ministère français de la Jeunesse et des Sports, mais destruction que le ministère refusait d'effectuer.

"Il faut que le CIO se dépêche"

Pour Mme Buffet, la justice tient son rôle dans "la recherche des pourvoyeurs de dopage et doit poursuivre ses investigations dans ce sens".

Les instances sportives, a-t-elle poursuivi, s'en tiennent "aux sanctions sportives pour la prise de produits par les sportifs".

Les dopés doivent être punis par les instances sportives, les pourvoyeurs de produits interdits poursuivis par les tribunaux.

La ministre française, tout comme d'ailleurs l'UCI, reconnaissent cependant que toutes ces tergiversations n'auraient pas eu d'objet si le CIO avait pris en temps et heure --soit avant le 15 novembre-- la décision de valider ou non les tests de détection de l'EPO.

"Le problème, c'est la durée que met le CIO pour valider ce test. A chaque fois, (le président du CIO) Juan Antonio Samaranch me dit que c'est très positif, très intéressant, très bien mais la validation ne se fait toujours pas", déclarait samedi matin Mme Buffet au Sénat, lors de l'examen des crédits de son ministère.

"J'ai encore reçu récemment une lettre" de M. Samaranch "qui me vantait les qualités de ce test. Il faut maintenant que le CIO se dépêche: ou ce test n'est pas valable et il le dit, ou il est valable et il doit aussi le dire. On ne peut pas comme ça traîner une situation, où on n'a pas de réponse pendant encore des mois", a-t-elle ajouté dans les couloirs du Sénat.