La mort de Florence Griffith-joyner



Florence Griffith-Joyner a été retrouvée morte à son domicile californien, hier matin à 6h54, heure de Los Angeles. Elle aimait la vitesse et la lumière, mais elle n'a pu échapper aux soupçons. Attaque cardiaque ou accident cérébral ? Le diagnostic n'était pas tranché hier soir.


D'elle il avait été beaucoup question la semaine dernière à Johannesburg. Une ombre à la longue chevelure noire et aux interminables ongles peints avait semblé planer au-dessus de la coupe du Monde d'athlétisme, alors que Marion Jones, tignasse en chignon, ongles courts, s'était encore un peu rapprochée d'un record du Monde du 100 m jugé jusque-là "extraterrestre" : ces 10 " 49 réalisées par elle, Florence Griffith-Joyner, le 16 juillet 1988 à Indianapolis.
"En courant en 10 " 65, Marion Jones n'est plus qu'à 1,50 m de Flo-Jo", avaient mesuré les experts, sans se douter que, à peine huit jours plus tard, celle qui régnait depuis dix ans sur les palmarès du sprint mondial allait s'en aller dans son style si particulier : à toute vitesse, mais sans parvenir à semer la polèmique.
Dolores Florence Griffith, 38 ans, a été retrouvée morte, hier, à son domicile de Laguna Beach, en Californie.
C'est Al Joyner, champion olympique du triple saut en 1984, qui a trouvé le corps inanimé de sa femme.
"Certaines rumeurs évoquent une mort à cause de produits dopants, alors que nous ne connaissons pas encore avec certitude les causes du décès ! ", déplore Craig Masback, président de la fédération américaine d'athlétisme.
Seule certitude : il y a un peu plus de deux ans, le 5 avril 1996, la triple médaillée d'or des jeux de Séoul avait déjà subi une sérieuse attaque cardiaque. "Nous étions ensemble dans l'avion entre Los angeles et Saint Louis, quand Flo s'est trouvée mal. Elle avait dû être hospitalisée pendant vingt-quatre heures", explique son ami, le triple champion du monde du 110 m haies Greg Foster, avant d'ajouter, en surmontant son émotion : "Mais à ma connaissance, elle s'était très bien remise, et n'était pas médicalement suivie. Florence, mère d'une petite Mary paraissait même en pleine forme. Elle courait tous les jours. " Greg Foster avait appris la triste nouvelle de Jackie Joyner, elle même alertée par son frère Al, le mari de Florence Griffith. Greg Foster, Jackie Joyner, Florence Griffith, sans oublier Gail Devers ou Valerie Brisco, autant de champions du monde ou de médaillés d'or olympiques qui d'exploits en mariages, avaient fini par former une famille et un clan d'entraînement, placés sous l'autorité inflexible de Bob Kersee, le coach au charisme de gourou. Que n'avait-on pas dit, ou plutôt murmuré, sur le compte de la "bande à Kersee" ? Jackie, Gail et surtout Flo-Jo couraient trop vite pour que les pires soupçons de dopage ne viennent ternir ces exploits qui rendaient même "humaines" les filles de l'ex-RDA...
Quitte à oublier la technique parfaite et les interminables heures d'entraînement.
"Les records de Florence vont encore tenir au moins dix ans", a déclaré un officiel de la fédération américaine. De cet héritage post mortem faut-il vraiment se réjouir ? Avant que la polémique ne se déchaîne un peu plus, laissons à Flo-Jo un peu de son innocence. Par présomption plus que par conviction...

Jean-Philippe LECLAIRE
(avec N.H et C.Ca à Los Angeles)


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