Le discobole et le cochon


"Je le jure, je n'ai jamais touché au moindre produit dopant."
Reclus dans son petit village de Galicie, tout proche de la Corogne, david Martinez clame son innocence. Condamné au repos forcé après un contrôle positif à la nandrolone, ce discobole espagnol se dit anéanti par un verdict qu'il juge totalement injuste.
Tout a commencé au meeting de Halle, en Allemagne, le 17 mai dernier. Martinez tiré au sort par la fédération allemande d'Athlétisme pour passer au contrôle anti-dopage. Quelques jours plus tard, il apprend que des traces de nandrolone ont été repérées dans ses urines, analysées par le prestigieux laboratoire de Cologne.
"C'était comme si le ciel me tombait sur la tête, explique-t-il. Je n'avais rien pris, rien avalé. J'ai tout de suite cru a une erreur."
Trente ans, des épaules de bûcheron et une santé de fer, cent kilos de muscles sur la balance et des tonnes d'ambition, le recordman national espagnol du lancer du disque (65,52 mètres) n'est effectivement pas connu comme monstre de la chimie.

"Je n'ai ni médecin particulier, ni coach personnel. Je surveille toujours ma nourriture et je ne suis aucun traitement particulier. C'est a peine si j'ai quelques vitamines dans ma trousse de voyage."
Après avoir retourné le problème dans tous les sens, il se dit persuadé d'avoir été victime d'une intoxication alimentaire.
"C'est la seule explication logique que je donne a toute cette affaire. J'ai dû manger, dans les heures précédant le meeting de Halle, de la viande de médiocre qualité qui, elle même, avait été "améliorée" avec des anabolisants."
L'hypothèse n'est pas nouvelle. Elle a même fait l'objet de plusieurs thèses, dont une particulière poussée signée par MM.Debruyckere, Van Peteghem et De Sagher de l'Université de Gand, en Belgique. Elle laisse clairement entendre que la consommation d'une viande trafiquée au nandrolone par un être humain pourrait, effectivement, positiver un contrôle anti-dopage. On peut imaginer aussi que certaines personnes éprouvent plus de difficultés que d'autres pour métaboliser la substance. Peut être en raison de problèmes hépatiques. David Martinez, lui, s'est juré de démontrer que cette version pourrait fort bien être la bonne.

"J'ai acheté un cochon que j'ai engrossé a la nandrolone. Je me propose de le manger et d'effectuer, ensuite, des test pour savoir si, oui ou non, la consommation de viande animale contaminée peut rendre positif."
L'idée est audacieuse. Mais elle n'est pas simple a mettre en place. Quel élément prouvera que c'est, bel et bien, le cochon qui est le seul responsable et que Martinez n'a pas, en catimini, avalé le produit interdit ?


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