Le peloton de cyclo-cross ne semble pas échapper au dopage



Laurence Leboucher et Jérôme Chiotti, qui disputent la dernière manche du Challenge national de la spécialité, à Sarrebourg (Moselle), s'avouent parfois découragés par la « préparation » de certains de leurs concurrents A vingt-sept ans, Laurence Leboucher et Jérôme Chiotti ont un parcours sportif semblable couronné par un titre de champion du monde de VTT cross-country après des débuts sur route. Dimanche 12 décembre, à Sarrebourg (Moselle), ils partiront à la conquête du Challenge national de cyclo-cross avec l'espoir d'une nouvelle victoire mais sans illusion quant aux pratiques de ce peloton hivernal de spécialistes. Ainsi, Jérôme Chiotti n'envisage-t-il pas de prendre le départ des championnats du monde de la spécialité, fin janvier aux Pays-Bas. En revanche, tous deux espèrent participer aux Jeux olympiques de Sydney en VTT cross-country. Laurence Leboucher rêve même de défendre ses chances lors du championnat du monde sur route qui, organisé en France en 2000, devrait donner lieu à des contrôles antidopage stricts.

A Sarrebourg (Moselle), dimanche 12 décembre, l'un comme l'autre se verraient bien rééditer leurs courses victorieuses de Pléneuf-Val-André (Côtes-d'Armor), voici quinze jours, lors de la précédente manche du Challenge national de cyclo-cross. Pour autant, l'épreuve lorraine, la dernière de cette compétition, ne sera pas chargée des mêmes enjeux pour Laurence Leboucher et Jérôme Chiotti. La première sera là « pour gagner » le Challenge. Le deuxième, qui a tiré un trait sur le podium final, cherchera un « bon classement », car il « déterminera le numéro de dossard pour le championnat de France ».

Le titre national, le 9 janvier à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), voilà l'objectif de Jérôme Chiotti, de retour au cyclo-cross après une impasse durant l'hiver 1998-99. Avec deux objectifs : « Une manche du Challenge - c'est fait - et le championnat de France. » Ce maillot tricolore, il y a déjà goûté en 1995. « J'avais été aussi appliqué à l'entraînement que cette année », prévient le coureur, natif de Millau, et installé à Vigneux (Loire-Atlantique).

Le titre national, Laurence Leboucher l'a aussi en tête. « Ce sera le premier de l'Histoire pour les féminines », savoure d'avance l'athlète d'Alençon (Orne), qui partage avec Jérôme Chiotti plus d'un point commun. L'âge : vingt-sept ans. Le parcours cycliste : début sur route, puis passage au VTT cross-country, où l'une a été championne de France (1998, 1999), d'Europe (1998) et du monde (1998), quand l'autre a décroché titres mondial (1996) et national (1999).

Du championnat du monde de cyclo-cross (fin janvier aux Pays-Bas), Jérôme Chiotti ne veut en revanche pas entendre parler. Outre des relations difficiles avec l'entraîneur national, Jean-Yves Plaisance, la « préparation » de certains concurrents étrangers l'incite à se « tenir à l'écart ». « Je n'ai pas envie de me battre contre ces gars que l'on voit dans les trois premiers depuis le début de la saison », assure-t-il.

« S'il y a d'autres Françaises, pourquoi pas ? », dit Laurence Leboucher à propos du mondial féminin, dont ce sera aussi la première édition. Mais son « objectif majeur » reste les Jeux olympiques. « J'ai envie de faire quelque chose en VTT cross-country ». « Je veux participer aux JO », déclare lui aussi Jérôme Chiotti. Mais sans illusions. Toujours à cause du dopage. « Si c'est comme en septembre au mondial de VTT [il a fini huitième] , ils seront cinq à dix devant qui seront loin de la propreté. »

Laurence Leboucher a un autre objectif : le mondial sur route. « A Plouay (Morbihan), ce sera magique. On peut penser qu'il y aura de vrais contrôles. Cela fera peur à certaines. » « Je ne suis pas ridicule sur route », ajoute-t-elle, sans pour autant songer à intégrer une équipe professionnelle.

Jérôme Chiotti reconnaît qu'avant de trouver un nouveau contrat en VTT - deux ans avec l'américain Giant - il a contacté La Française des jeux et Jean Delatour. Sans succès. Mais le coureur, qui a porté les maillots Catavana (1994), Le Groupement (1995) et Festina (1996, 1997), admet qu'il ne se sentirait « pas assez fort pour se battre contre des machines à rouler n'ayant rien arrêté » en matière de dopage.

« J'ai vu des choses ahurissantes en Elite 2 [amateurs] sur route cette année. Rien n'a changé », explique Jérôme Chiotti. Lui, qui a connu les dérives du peloton chez Festina, « comprend » que Christophe Bassons ait craqué lors du Tour de France. Avec ses positions contre le dopage, « Bassons est courageux, avance-t-il, mais il hypothèque peut-être ses chances de réussite ». Lui s'estime à l'abri d'éventuels règlements de compte en VTT.

Philippe Le Coeur