Les corticoïdes pourraient être détectés sur les courses cyclistes en France



LA RECHERCHE des corticoïdes de synthèse pourrait être instituée dès 2000 en France, dans les analyses antidopages pratiquées lors des courses cyclistes. A titre préventif dans un premier temps. Si la décision reste à prendre par la Fédération française de cyclisme (FFC) , son président, Daniel Baal, assure qu' « il n'y a pas d'ambiguïté : si nous pouvons le faire, nous souhaitons que cela soit fait de suite ». Au ministère de la jeunesse et des sports, on indique qu'il « revient » à la FFC d' « en faire le demande » au laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD) de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

Le 18 octobre, lors d'un entretien avec Marie-George Buffet, la ministre de la jeunesse et des sports, Daniel Baal s'était ému de ce que les corticoïdes, dont l'usage est limité par les lois antidopages - ils diminuent les phénomènes douloureux et la sensation de fatigue -, ne soient plus recherchés comme ils l'avaient été, pour la première fois, lors du Tour de France 1999.

Suite à cet entretien, le ministère indique avoir adressé à la FFC un document synthétisant les travaux du LNDD et ses capacités à détecter différentes substances. En ce qui concerne les corticoïdes de synthèse, ce document stipule que leur détection ne peut se faire qu'à titre préventif, car la capacité d'analyse du LNDD se limite à « 2 000 à 3 000 échantillons par an ». Entrer dans un cadre répressif supposerait de pouvoir appliquer la méthode à tous les sports, c'est-à-dire traiter « 9 000 échantillons » par an. « Impossible dans l'immédiat », dit le ministère, qui estime que cette généralisation devrait intervenir « dans un délai d'un an ». Elle suppose « 2,5 à 3 millions de francs d'investissements », selon Jacques de Ceaurriz, directeur du LNDD, qui ajoute les avoir « prévus au budget 2 000 ».

« LES AMATEURS AUTANT CONCERNÉS » S'il préférerait « entrer dans un dispositif répressif », Daniel Baal juge que l'approche préventive « peut être un pas ». Le président de la FFC, qui n'a pas encore reçu le document des pouvoirs publics, estime qu'il faut rechercher les corticoïdes sur « l'ensemble des courses en France. Les amateurs sont autant concernés et je ne vois pas pourquoi on se limiterait aux seuls licenciés français ». Lorsqu'il a réclamé le maintien de la recherche des corticoïdes de synthèse, Daniel Baal s'est, entre autres, vu répondre que cela inciterait les cyclistes à prendre de la cortisone naturelle, non encore détectable. Cette possibilité d'identification ne devrait pas tarder.

Le LNDD a engagé depuis le 1er novembre un programme visant à valider une technique de détection, dont « la faisabilité a été confirmée en 1998-1999 ». Sa mise en oeuvre interviendrait à compter de mai 2000. Là encore d'abord à titre préventif sur une « population à risque », la généralisation à des fins répressives n'étant envisagée qu'en 2001.

Le laboratoire de Châtenay-Malabry assure qu'il pourra également détecter dans les urines la prise d'érythropoïétine (EPO). Il situe en juin 2000 l'entrée en application dans un cadre préventif - le répressif suivrait fin 2000 - de cette méthode. Celle-ci ne pourra cependant révéler que des prises récentes d'EPO : jusqu'à 48 à 72 heures.

Ph. L. C.