La Commission européenne va mettre en place un plan de lutte contre le dopage sportif



VIVIANE REDING, commissaire européen à l'éducation et à la culture, a annoncé, mercredi 1er décembre à Bruxelles, la mise en oeuvre prochaine d'un plan de lutte contre le dopage sportif au sein des pays de l'Union européenne. Ce plan se fonde sur le récent avis émis sur ce thème par le Groupe européen d'éthique, que préside Noëlle Lenoir. Il devrait compléter, au sein de l'Union, le travail de l'Agence mondiale antidopage (AMAD) du Comité international olympique (CIO), et, dans le même temps, amorcer une dynamique plus générale, la Commission européenne traitant directement ici, pour la première fois, d'un sujet de prévention et de santé publique.

« Il est urgent, dans le cadre des politiques sportives, de tenir compte des profonds changements qui ont eu lieu au cours de ce siècle en raison de l'impact économique et médiatique croissant du sport à l'échelle mondiale », souligne l'avis du Groupe européen d'éthique, qui entend « mettre l'accent sur les tensions qui existent entre la lutte antidopage et la recherche de performances sans cesse dépassées ».

Le plan dévoilé par Viviane Reding consiste, dans un premier temps, à soutenir la création et le fonctionnement de l'AMAD, fondation privée de droit suisse dont le siège provisoire se situera à Lausanne et qui devrait être pleinement opérationnelle avant les Jeux olympiques organisés à Sydney en septembre 2000. Jusqu'ici, le CIO s'était engagé à assurer seul le financement de cette agence, pour une durée de deux ans. A l'issue de cette période, les Etats membres de l'Union européenne pourront envisager une participation à son financement. Pour Viviane Reding, l'AMAD devra impérativement adopter la liste des substances interdites, être responsable de l'accréditation des laboratoires de dépistage et coordonner les contrôles hors compétition.

Mais, visiblement inquiète de la réalité des actions à venir de l'AMAD, la Commission européenne entend dès à présent aller plus loin dans la politique de lutte contre le dopage sportif. C'est ainsi que des « instruments communautaires » vont prochainement être mobilisés dans les domaines de la recherche, de la coordination des mesures réglementaires ainsi que de l'information de tous les sportifs, qu'ils soient professionnels ou non. « En 1999, 77 championnats du monde et 102 championnats européens ont été organisés en Europe (...) . Ceci implique une circulation de sportifs (...) soucieux de connaître avec exactitude les règles régissant le dopage et les conséquences qui découlent d'éventuelles infractions, explique-t-on à Bruxelles. Il est donc nécessaire, désormais, de veiller à ce que l'espace sportif européen soit régi par des réglementations ne constituant pas des obstacles à la liberté de circulation, et notamment à la liberté de prestation de services des sportifs professionnels au sein de l'Union. »

Pour Noëlle Lenoir, la prise en compte de l'avis du Groupe d'éthique qu'elle préside atteste de la volonté de la Commission européenne de s'engager « dans une dynamique nouvelle, qui devrait faire de l'Union européenne un espace dans lequel la responsabilité à l'égard du dopage relève tant des sportifs professionnels que de leurs employeurs ».

Jean-Yves Nau