Jérôme Chiotti déclare avoir utilisé de l'EPO pour conquérir le titre mondial de VTT en 1996



Le VTT français risque de perdre son ancien champion du monde, le coureur de cross-country Jérôme Chiotti, qui a avoué s'être dopé pour obtenir le titre en 1996. Les aveux détaillés de Chiotti, publiés par le mensuel spécialisé Vélo Vert dans son édition de mai, portent aussi sur un arrangement avec Miguel Martinez pour décrocher le titre de champion de France 1999. Le coureur aveyronnais, âgé de 28 ans, devra s'expliquer devant les instances disciplinaires sur ces deux affaires. D'ores et déjà, le président de la Fédération française (FFC), Daniel Baal, a annoncé samedi 22 avril une plus grande vigilance pour la sélection en équipe de France. «Dans la perspective des Jeux, il ne doit y avoir aucun doute sur les médailles», a-t-il déclaré à l'AFP. Chiotti, qui a reconnu avoir utilisé de l'EPO (erythropoïetine) pour devenir champion du monde, s'expose à une suspension et à la perte de son titre, conquis en septembre 1996 sur le circuit australien de Cairns. «Le règlement mentionne que, si quelqu'un reconnaît l'utilisation d'un produit dopant, il est possible de sanctionner jusqu'à cinq ans en arrière», a précisé à l'AFP Hein Verbruggen, président de l'Union cycliste internationale (UCI).

Dossier disciplinaire
L'affaire est désormais dans les mains de la FFC qui a prévu d'ouvrir le dossier disciplinaire, selon son président, «dans les plus brefs délais».«Le règlement de l'UCI est formel: un coureur qui reconnaît avoir utilisé des substances dopantes doit subir les mêmes sanctions que s'il avait été trouvé positif. A mon avis, cela suppose qu'il fasse des aveux devant la commission de discipline», a précisé Daniel Baal.«Ce n'est pas une affaire simple», a poursuivi le président de la FFC en dressant le parallèle avec plusieurs coureurs français sanctionnés fin 1998 dans l'affaire Festina après leurs aveux écrits.
Chiotti, au gabarit de grimpeur (60 kg pour 1,79 m), a fait une brève carrière sur route, notamment dans l'éphémère équipe du Groupement (1995) puis dans la formation Festina (1996 et 1997). Mais il est avant tout un spécialiste du cyclo-cross et du VTT. Réputé pour ses dons d'acrobate, Chiotti a enlevé son premier trophée majeur en 1995 en devenant champion de France de cyclo-cross à Cublize (Rhône). En VTT, il a couru pour l'équipe GT avant de rejoindre en 2000 le groupe Giant.

La confirmation des doutes
Son titre de champion de France de cross-country, le 18 juillet dernier à Vars (Hautes-Alpes), devant Miguel Martinez, a provoqué l'an passé le soupçon d'entente illicite. Les deux coureurs ne se sont pas présentés jeudi dernier devant la commission de discipline de la FFC et doivent être convoqués de nouveau. Chiotti déclare être devenu un adversaire déclaré du dopage qui, selon lui, a un caractère massif dans le milieu cycliste. Dans son entretien, il ne cache pas que la tentation est permanente. «Pour l'instant je tiens bon, mais jusqu'à quand?» s'interroge-t-il. «J'ai signé deux ans de contrat, mais je sais que, si je ne vais pas aux Jeux, ça va mal se passer avec Giant».
Les perspectives olympiques s'éloignent pourtant pour Chiotti ainsi que pour d'autres coureurs du VTT. Daniel Baal est apparu d'autant plus concerné que le dopage et les ententes illicites sont les deux chantiers ouverts par la fédération qu'il préside. «C'est la confirmation des doutes qu'on avait», a estimé encore Daniel Baal à propos du dopage dans le VTT en promettant «un suivi médical encore renforcé par rapport à ce qui existe aujourd'hui».
L'EPO, qui accroît le volume d'oxygène transporté par le sang, est le produit interdit soupçonné d'être le plus utilisé dans les sports d'endurance. L'ampleur du trafic a été notamment révélé par l'affaire Festina du Tour de France 1998.

Jean Montois (AFP.)