Trois questions à Armand Megret, président de la commission médicale de la Fédération française de cyclisme



1 Vous présidez la commission médicale de la Fédération française de cyclisme (FFC). Comment analysez-vous ces bilans biologiques ?
Le travail entrepris il y a un an permet de constater certaines modifications, pour ce qui concerne les hyperférritinémies notamment, qui nous avaient alertés en 1999. Même si les résultats observés présentent des anomalies, il s'agit souvent de séquelles, les organismes n'ayant pas fini d'éliminer tous les excès.

2 Environ une trentaine de coureurs présente un hématocrite au-dessus de 47 %, seuil jugé inquiétant par les spécialistes...
Pour les hématocrites, on a désormais de bonnes indications. Un coureur qui au départ d'un Tour affiche un hématocrite à 49 % ne peut pas, normalement, terminer avec ce même taux, trois semaines après. Si c'est le cas, il y a de fortes présomptions de prises d'EPO (érythropoéïtine). La commission médicale de la FFC vient de proposer aux instances du cyclisme d'abaisser le seuil de tolérance à 48 %.

3 Avez-vous prescrit des arrêts de travail à l'égard de certains coureurs dont les bilans révélaient des paramètres biologiques inquiétants ?
C'est tout le problème de la médecine du sport en France. Nous n'avons pas l'autorité pour soumettre un sportif à un arrêt de travail. Seuls les médecins d'équipes ou les médecins traitants peuvent le faire. Pour cela, nous avons adressé à chaque médecin d'équipe professionnelle un commentaire biologique sur chacun de ses coureurs. A ce commentaire est jointe une liste de recommandations quant aux décisions à prendre, selon les paramètres mis en évidence. Il est de la responsabilité de chaque médecin de prononcer ou de ne pas prononcer des arrêts de travail. Normalement, il aurait dû y en avoir.


Propos recueillis par Yves Bordenave